Focus sur la Qualité de l’air intérieur dans les locaux de travail

Focus sur la Qualité de l’air intérieur dans les locaux de travail

L’employeur doit garantir une bonne qualité de l’air intérieur dans les zones de travail. La prévention est le point de départ afin d’identifier les sources de pollution et prévenir contre les risques de propagation du virus.

L’analyse des risques permet de déterminer avec précision les mesures de prévention nécessaires à mettre en place : cette analyse est centrée que la qualité de l’air entrant et aux dispositifs existants et potentiellement sources de pollution, comme les systèmes de chauffage et de ventilation, les revêtements de sol, les équipements techniques ou la densité des espaces de travail en termes de taux d’occupation.

L’analyse des risques relative à la qualité de l’air peut cumuler inspection visuelle, le contrôle des installations, les audits périodiques, les mesures d’hygrométrie par zone de travail, et l’analyse qualitative auprès des salariés. Une mesure du CO2 est particulièrement pertinente afin d’évaluer la circulation de l’air et/ou la qualité et l’efficacité des systèmes de ventilation.

Les derniers protocoles nationaux liés à la crise sanitaire ont concerné spécifiquement l’aération et la ventilation : des mesures de gaz carbonique sont recommandées en cas de forte fréquentation quand l’aération ne peut être respectée. L’évacuation peut être proposée en cas de concentration de CO2 supérieure à 1 000 ppm (« partie par million ») le temps d’aérer les locaux :

« La maîtrise de la qualité de l’air et l’aération/ventilation des espaces fermés est une mesure essentielle de prévention des situations à risque d’aérosolisation du SARS-CoV-2. Cette aération doit être assurée :

– de préférence de façon naturelle : portes et/ou fenêtres ouvertes en permanence ou à défaut au moins 5 minutes toutes les heures, de façon à assurer la circulation de l’air et son renouvellement ;

– à défaut, grâce à un système de ventilation mécanique conforme à la réglementation, en état de bon fonctionnement et vérifié assurant un apport d’air neuf adéquat.

En tout état de cause et afin de s’assurer de la bonne aération/ventilation des locaux, il est recommandé de favoriser la mesure du dioxyde de carbone (gaz carbonique – CO2) dans l’air, à des endroits significatifs de la fréquentation et à des périodes de forte fréquentation, en particulier quand les préconisations d’aération naturelle ne peuvent être respectées. Il est recommandé que toute mesure de CO2 supérieure à un seuil de 800 ppm conduise à agir en termes d’aération/renouvellement d’air et/ou de réduction du nombre de personnes admises dans la pièce. Au-delà de 1000 ppm, il est recommandé que l’évacuation du local soit proposée le temps d’une aération suffisante pour retrouver des niveaux de CO2 inférieurs à 800 ppm. La mesure du CO2 dans l’air doit être effectuée à des endroits significatifs de la fréquentation et à des périodes de réelle fréquentation chargée. »

 

Quelques rappels

Le dioxyde de carbone (CO2), naturellement présent dans l’atmosphère, est une molécule produite par l’organisme humain au cours de la respiration. Sa concentration dans l’air intérieur des bâtiments est liée à l’occupation humaine et au renouvellement d’air, et est un indicateur du niveau de confinement de l’air. C’est pourquoi la concentration en CO2 dans l’air intérieur est l’un des critères qui fondent la réglementation en matière d’aération des locaux.

Les valeurs limites varient usuellement entre 1000 et 1500 ppm (partie par million/quotient représentant un rapport de 1 pour 1 million : un contenu de 800 ppm de CO2 dans l’atmosphère signifie qu’un litre d’air contient en moyenne 0,8 ml de dioxyde de carbone.) ; la crise sanitaire impose des actions dès que la concentration dépasse 800 ppm. Ces valeurs s’appliquent aux bâtiments scolaires, résidentiels et de bureaux.

Rappelons qu’une trop grande accumulation de CO2 dans l’air est néfaste à la santé, entraînant, entre autres, des maux de tête et de gorge, des difficultés de concentration comme l’ont démontré de nombreuses études.

Les 4 critères à prendre en compte pour évaluer la QAI : l’ambiance thermique (température, humidité et vitesse de l’air), le renouvellement d’air neuf (air neuf extérieur introduit) associé à la mesure du dioxyde de carbone CO2, les produits chimiques (COV, formaldéhyde, autres polluants présents au voisinage) et les particules fines*.

*Les Composés Organiques Volatils (COVs) sont des composés organiques qui restent sous forme gazeuse dans l’atmosphère à température ambiante. Le terme regroupe les hydrocarbures (butane, propane…) mais aussi la plupart des molécules odorantes, ainsi que les fameux Benzène et Formaldéhyde (cf. loi Grenelle II). Chaque COV possède un seuil de dangerosité et des effets potentiels différents. Par exemple, environ 70 % des COVs sont émis par les plantes mais ceux-ci sont rarement toxiques. Ceux issus de l’industrie chimique en revanche peuvent être très nocifs. Le formaldéhyde est une substance retrouvée principalement dans les environnements intérieurs (produits de construction, ameublement, produits détergents, etc.), également émis naturellement lors de tout phénomène de combustion (feux, fumée de cigarette) et lors d’activités anthropiques (cuisson des aliments, poêle à bois). Depuis 2004, le formaldéhyde est classé comme « substance cancérogène avérée pour l’homme » (groupe 1). Suite à ce classement, l’ANSES a réalisé des études concernant l’exposition des travailleurs, conduisant à revoir le classement du formaldéhyde en cancérogène de catégorie 1B et mutagène de catégorie 2. Le Benzène (C6H6) est un hydrure de carbone insaturé, de molécule cyclique (famille des hydrocarbures). Il se présente sous forme d’un liquide incolore, très mobile, volatil, d’odeur caractéristique très pénétrante. C’est un solvant utilisé pour le dégraissage, la préparation des vernis, l’industrie des matières colorantes, des parfums, etc. Il est facilement inflammable et toxique. L’ingestion ou l’inhalation peuvent causer des nausées, des maux de tête, des étourdissements ou des pertes de connaissance. Il est extrêmement cancérigène et nécessite à ce titre le port de blouse, gants, lunettes de protection, hotte ventilée. Les particules fines sont une catégorie de particules (d’origine naturelle ou liées à l’activité humaine) en suspension dans l’air ambiant, d’un diamètre inférieur à 2,5 microns. Contrairement aux poussières d’un diamètre supérieur, les particules fines sont d’une masse trop faible pour chuter au sol par simple gravité. Leur persistance durable à l’état d’aérosols les conduit à s’infiltrer en profondeur dans les voies respiratoires. Selon leur degré de concentration et de toxicité, elles peuvent provoquer des pathologies plus ou moins graves. De plus, une particule fine agit comme noyau de condensation, auquel s’agrègent d’autres polluants, ce qui en accentue la toxicité.